SE NOURRIR

UN BESOIN ET UN ART

le Plaisir de l’alimentation

Depuis la nuit des temps, le vivant a besoin de nourriture : s’agissant de l’être humain, l’alimentation doit donc répondre à trois critères fondamentaux pour permettre la survie de l’espèce : l’homéostasie – la compensation de nos dépenses énergétiques, – l’hédonisme – le plaisir de se nourrir, qui génère un désir sensoriel de l’aliment, et le critère culturel et symbolique qui engendre des mécanismes d’alimentation.

Autrement formulé, c’est le respect de ces trois critères, conscient ou non, qui a permis que l’espèce humaine soit toujours présente sur la planète ! Mais à notre époque, le besoin s’associe à une forme d’art : en effet, ne parle-t-on pas d’art culinaire pour désigner les créations de certains chefs et les ouvrages proposant de nombreuses recettes, toutes plus appétissantes les unes que les autres ?

Homéostasie : le « budget » de notre corps


Le premier critère et le plus fondamental, c’est ce qu’on appelle l’homéostasie[1], c’est-à-dire la compensation des dépenses énergétiques faites par un corps humain grâce à la nourriture afin que l’individu puisse rester en vie dans le meilleur état de santé possible et mener ses activités habituelles.

Contrairement à ce que beaucoup de gens imaginent, ces dépenses énergétiques sont essentiellement celles du fonctionnement de notre corps au repos : battements de cœur et circulation sanguine, respiration, circulation des aliments dans notre système digestif de l’entrée à la sortie, etc. Il s’y ajoute l’activité physique et, dans une petite proportion, ce qu’on appelle la thermogénèse à savoir la production de chaleur.

Selon diverses théories et méthodes de mesure, ces besoins seraient estimés à 1700/2100 calories pour une femme et 2200 à 2700 pour un homme. Attention : ceci n’est pas une vision sexiste mais une question de différence de musculature. Et ce n’est pas non plus un chiffre gravé dans la pierre, il existe des différences importantes d’une personne à l’autre, comme nous allons le voir.

Les calories

Le premier critère et le plus fondamental, c’est ce qu’on appelle l’homéostasie[1], c’est-à-dire la compensation des dépenses énergétiques faites par un corps humain grâce à la nourriture afin que l’individu puisse rester en vie dans le meilleur état de santé possible et mener ses activités habituelles.

Contrairement à ce que beaucoup de gens imaginent, ces dépenses énergétiques sont essentiellement celles du fonctionnement de notre corps au repos : battements de cœur et circulation sanguine, respiration, circulation des aliments dans notre système digestif de l’entrée à la sortie, etc. Il s’y ajoute l’activité physique et, dans une petite proportion, ce qu’on appelle la thermogénèse à savoir la production de chaleur.

Selon diverses théories et méthodes de mesure, ces besoins seraient estimés à 1700/2100 calories pour une femme et 2200 à 2700 pour un homme. Attention : ceci n’est pas une vision sexiste mais une question de différence de musculature. Et ce n’est pas non plus un chiffre gravé dans la pierre, il existe des différences importantes d’une personne à l’autre, comme nous allons le voir.

Tous égaux devant les calories ?

Les estimations de besoin calorique des individus doivent être pondérés tout d’abord en fonction de l’âge, le sexe, l’intensité d’activité journalière, la génétique et le métabolisme de chacun. Si on compare les besoins d’un homme et d’une femme de taille et poids égal, on aura une différence de dépense énergétique, le tissu adipeux féminin étant plus élevé en pourcentage pour des raisons d’ordre hormonal, et les muscles plus importants chez les hommes.

D’autre part, à taille et poids égal, deux hommes de 1m80 pesant chacun 95 kg, dont l’un est un champion international de judo trentenaire et l’autre un retraité sédentaire ne pratiquant aucune activité physique, vont avoir une dépense énergétique très différente, la masse musculaire du premier entraînant une dépense énergétique au repos très supérieure à celle de l’homme sédentaire.

On appelle MET (metabolic equivalent of task) l’indicateur statistique de la dépense énergétique causée par les activités physiques. C’est cet indicateur qui permet de mesurer la quantité d’énergie métabolique utilisée pour réaliser une tâche donnée. Par exemple, pour une personne de 70 kg, on peut évaluer son MET pour 1 heure des activités suivantes :

  • Regarder la télévision : 70 kcal
  • Marcher calmement (4km/h) : 200 kcal
  • Marche soutenue : 260 kcal
  • Courir à pied (9 km/h) : 525 kcal

En comparant avec un coureur de marathon (42 km) de 60 kg, s’il réalise la course en 2 heures, il peut dépenser jusqu’à 2300 kcal.

Bien sûr il s’agit là de chiffres moyens, et d’exemples : ce ne sont pas modèles à suivre dans la mesure où, même à poids, à taille et à genre égal, dix personnes présenteront dix manières différentes de dépenser leur budget énergétique et de le compenser.

Se nourrir de calories ?

Pour se nourrir, il est déraisonnable voir très dangereux de se limiter à évaluer nos besoins nutritionnels à l’aide d’une table calorique : il manque des données essentielles. En effet, 220 grammes d’huile d’olive, 350 gr de chips, 450 gr de foie gras de canard, 640 gr de camembert, 670 gr de crème de marrons, 750 gr de saumon fumé, 1,3 kg de filet de poulet, 4,5 kg de fromage blanc à 0% sans sucre ou 5 kg de carottes râpées sans assaisonnement fournissent chacun environ 2000 calories. Mais en termes de nutrition, les apports pour le corps humain sont de nature très différente, et les besoins nutritionnels des individus ne sont pas identiques.

Les calories vides, ça existe ?

Mais oui ! les calories vides – ou calories creuses – sont des calories qui ne sont pas associées à des nutriments indispensables à la santé. Autrement dit, c’est ainsi qu’on désigne des aliments qui ont une valeur énergétique importante, mais peu ou pas de valeur nutritionnelle comme certaines matières grasses (margarines, graisses alimentaires), les sucres simples (gâteaux, cookies, confiseries, sodas), l’alcool et les boissons alcoolisées, les produits industriels transformés, frits, panés (viennoiseries, charcuterie, frites, etc.)

Les besoins nutritionnels

On appelle besoin nutritionnel la quantité minimale d’énergie, sous forme de nutriments, qui doit être régulièrement absorbée pour permettre une nutrition appropriée à un individu en bonne santé afin de maintenir son état de santé. Nous l’avons évoqué plus haut, les besoins varient en fonction de l’âge et du sexe de l’individu, de son niveau d’activité physique, de son état physiologique (par exemple la grossesse), de ses habitudes alimentaires et enfin, de ses antécédents génétiques, sans oublier l’impact de l’environnement.

Les nutriments

Pour qu’il y ait équilibre dans notre alimentation, plutôt que s’intéresser aux calories il est fondamental de penser en termes de nutriments, ou encore d’éléments nutritifs, sans lesquels notre organisme ne pourrait se maintenir en vie.

Les nutriments sont des substances organiques ou minérales assimilables contenues dans la nourriture et utilisées par l’organisme pour assurer le fonctionnement métabolique et physiologique d’un individu, son développement et sa croissance. Ils se divisent en deux catégories : macronutriments et micronutriments.

Les macronutriments

Nous les connaissons tous, il s’agit des glucides, des protides ou protéines et des lipides, tous trois indispensables à l’organisme, mais dans des proportions différentes. Ainsi, notre organisme doit pouvoir puiser dans l’alimentation 40 à 55% de glucides, 10 à 20% de protides et 35 à 40% de lipides, le tout devant représenter 100% de l’apport énergétique total (AET), autrement dit de notre « budget calorique ».

Il convient d’être prudent lorsqu’on lit dans les réseaux sociaux ou même certains ouvrages que ces besoins nutritionnels doivent obligatoirement être couverts au quotidien, voire repas par repas : en réalité l’équilibre alimentaire se fait sur une période d’environ une semaine, ce qui entraîne qu’il est possible d’absorber une plus grande proportion de lipides tel jour, se faire plaisir avec une platée de pâtes ou vivre de ratatouille tel autre jour, ou encore fêter un anniversaire ou un mariage sans se préoccuper de la balance, qu’elle soit énergétique ou connectée à notre application de santé. Nous verrons plus loin que si nous sommes à l’écoute des signaux envoyés par notre corps, nous régulerons naturellement notre alimentation sans nous forcer ou nous priver.

Les glucides

Ils ont pour fonction de fournir de l’énergie aux cellules du corps humain (1g de glucides fournit 4 calories), et de fournir du carburant (le glucose) à certaines cellules du corps comme le cerveau. Il est donc exclu de s’en passer, car sans ses 140 grammes de glucides par jour, notre cerveau dysfonctionne.

Il existe deux types de glucides : les glucides simples et les glucides complexes. Les glucides simples comprennent le glucose, le fructose et le galactose, tandis que les glucides complexes comprennent l’amidon, le glycogène et les fibres. Les glucides se trouvent majoritairement dans les produits sucrés, les féculents, les légumineuses, certains légumes et les fruits. Ils sont indispensables à l’équilibre alimentaire, permettent une régulation de l’appétit en déclenchant la satiété, ils rassasient durablement. Si les sucres simples, dont nous percevons le goût sucré, permettent d’élever rapidement la glycémie et resucrer l’organisme (important pour les sportifs et les personnes atteintes de diabète), les sucres complexes agissent plus lentement et plus durablement. Ils augmentent la disponibilité d’une hormone appelée tryptophane dans l’organisme, qui déclenche l’apport en sérotonine et en mélatonine, deux substances qui favorisent l’endormissement. Les sucres simples sont naturellement présents dans les fruits (fructose) et le lait (lactose), ils peuvent être ajoutés aux aliments et boissons par les fabricants ou les consommateurs : sucre blanc, roux, brun, sirop d’érable, miel, concentré de jus de fruits, sirop de maïs, etc. En revanche, l’amidon est un glucide complexe, on le trouve dans les pommes de terre, certains légumes, le pain, les pâtes et les céréales. L’amidon n’a pas de goût sucré et il est absorbé plus lentement que les glucides simples. Il ne fait pas augmenter le taux de sucre dans le sang aussi rapidement : son index glycémique est moins élevé que celui des sucres simples.

Un type particulier de glucides : les fibres

Les fibres alimentaires sont des glucides non digestibles et peu énergétiques provenant des végétaux : légumes, fruits, légumineuses, oléagineux, céréales complètes. Elles ne sont pas assimilées par l’être humain, mais sont nécessaires à la régulation du transit intestinal et à la bonne santé du microbiote intestinal. On les trouve dans les végétaux, sous forme notamment de cellulose, d’amidon, de pectines. Elles apportent une sensation de satiété, mais surtout du volume, de la viscosité et permettent la fermentation des aliments. Par leur action sur le microbiote, elles protègent de la survenue de nombreuses pathologies. Les bienfaits sont :

  • Régulation de la glycémie et prévention du diabète de type 2
  • Réduction du cholestérol et de l’hypertension
  • Amélioration du syndrome métabolique[1]
  • Soulagement des troubles intestinaux favoriser la régularité des selles
  • Lutter contre la constipation ou soulager la diarrhée.
  • Participer à la lutte contre le cancer

Toutefois, la consommation d’aliments trop riches en fibres est contre-indiquée chez les personnes présentant un fécalome (bouchon de selles), des troubles intestinaux ou une obstruction intestinale. Sinon, l’apport moyen quotidien recommandé est de l’ordre de 25 à 45 grammes de fibres par jour pour les adultes.

[1] Le syndrome métabolique désigne la coexistence chez un individu de plusieurs troubles de santé d’origine lipidique, glucidique ou vasculaire et étant associés à un tour de taille élevé. L’ensemble de ces désordres métaboliques augmente considérablement le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d’accident vasculaire cérébral (AVC).

Les lipides

Pour faire très court, on pourrait dire que les lipides, c’est la vie… En effet, ils fournissent des acides gras essentiels au corps qui ne peut pas les produire lui-même, et ils sont source d’énergie. Ce sont des constituants des membranes cellulaires de l’organisme. Ils constituent la masse grasse.

On distingue deux catégories : les graisses saturées et insaturées. Les acides gras, surtout les acides gras insaturés, sont les constituants majeurs des membranes cellulaires et des cellules du système nerveux. Ils assurent aussi la plasticité et l’élasticité de la peau. Certaines vitamines, dites liposolubles, ne peuvent être transportées que par des acides gras, il s’agit des vitamines A, D, E et K. Les acides gras permettent également la synthèse de certaines hormones stéroïdes, directement dérivées du cholestérol : œstrogènes, testostérone et cortisol. En revanche, il convient de limiter les graisses saturées (graisses animales) ainsi que les gras trans (produits par l’utilisation de l’hydrogène pour solidifier l’huile, par exemple pour des margarines) car ils ont potentiellement des effets néfastes en matière de santé cardiovasculaire.

Les lipides fournissent 9 kcal par gramme, participant ainsi à la couverture des besoins en énergie. Les principales sources de lipides sont le beurre, la margarine, les huiles végétales, les avocats, les graines, les graisses animales mais également les aliments frits, les viennoiseries, et certains plats préparés.

Un apport insuffisant en lipides alimentaires peut entraîner des troubles de croissance et l’augmentation du risque de maladies chroniques. Le cumul d’un apport insuffisant en lipides, en glucides et en protéines peut mener à la malnutrition. Un apport adéquat en lipides est crucial pendant l’enfance et au cours de la grossesse.

Les lipides ralentissent la digestion et l’absorption des glucides, ils réduisent par conséquent l’index glycémique d’un repas.

Les protéines

Les protéines, ou protides, sont les principales composantes des structures de toutes les cellules du corps humain. Elles entrent dans la composition des muscles, de la peau, des ongles, des poils, et du sang. Elles sont également à la base de nombreuses hormones, d’enzymes et d’anticorps et sont nécessaires à la croissance, la réparation et la défense des tissus du corps humain. Ce sont donc des macronutriments indispensables à la vie, constituées d’acides aminés, essentiels ou non, qui définissent la qualité de la protéine. Dans l’alimentation, on retrouve des protéines animales et des protéines végétales. Elles ont de très nombreux rôles dans l’organisme (enzyme, transport, structure des tissus, etc.) ;

Les protéines fournissent de l’énergie, soit 4 calories par gramme.  On trouve plus de 20 acides aminés naturels dans les protéines alimentaires, dont 9 sont des acides aminés importants que le corps ne peut pas fabriquer. Il faut donc les obtenir par le biais de l’alimentation. Les protéines participent au renouvellement cellulaire et notamment au niveau du tissu musculaire, de la peau et du tissu osseux. Certaines protéines sont des enzymes digestives permettant l’assimilation des molécules alimentaires, d’autres forment des anticorps et permettent à l’organisme de se défendre contre les agressions extérieures. Enfin, les protéines entrent aussi dans la composition de l’hémoglobine et de certaines hormones.

Les principales sources de protéines sont les produits d’origines animales (viande, poisson, œuf et produits laitiers). Certains aliments comme les légumineuses, les noix et les graines ainsi que les produits céréaliers sont d’excellentes sources de protéines végétales. Enfin, certains légumes riches en protéines participent également à la couverture des besoins de l’organisme.

L’ANC (Apport nutritionnel conseillé) est, pour un homme ou une femme adulte ou senior, de 0,80 gramme de protéine par kilo de poids par jour. Autrement dit, une personne pesant 70 kg pourrait idéalement consommer 56 grammes de protéines par jour. Ce chiffre augmente en cas de grossesse ou lors de l’allaitement au sein.

Les protéines animales (viandes, produits laitiers, œufs) sont des protéines complètes, c’est-à-dire qu’elles contiennent tous les acides aminés essentiels à la croissance et au maintien de l’intégrité de l’organisme. En revanche les protéines végétales ne contiennent pas tous les acides aminés en quantité suffisante pour en faire des protéines complètes. Pour suppléer ce manque,, il y a plusieurs options : associer une protéine végétale à une protéine animale (par exemple du cassoulet) ; ou pour les personnes végétariennes ou véganes, combiner les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches) et les céréales telles le riz, le quinoa, le blé, le maïs (par exemple, une salade de couscous et de pois chiches) ; ou encore mélanger légumineuses et oléagineux comme les noix, noisettes, noix de cajou (par exemple, une salade de lentilles et amandes). Toutefois il n’est pas nécessaire de faire ces associations au cours du même repas pour assurer la complémentarité, mais sur une période de 24 heures. A noter cependant que la vitamine B12 ne se trouve pas dans les végétaux : il convient alors, en cas d’alimentation végétarienne ou végane, de prendre un complément de B12 pour ne pas risquer de carences.

Une carence en protéine a des impacts négatifs sur tous les organes comme le cerveau, les fonctions cérébrales, le système immunitaire et la fonction rénale. Et l’excès de protéines, notamment dans les régimes hyper protéinés, peut entraîner l’augmentation de troubles gastro-intestinaux ou un risque plus élevé d’ostéoporose, de calculs rénaux ou d’insuffisance rénale.

Les micronutriments

Ils sont constitués par les vitamines et les minéraux contenus dans nos aliments, ou parfois par des compléments alimentaires lorsque nous sommes confrontés à des carences ou des besoins spéciaux. Ces micronutriments sont essentiels au bon fonctionnement de notre organisme, qui ne peut les fabriquer lui-même.

Ces micronutriments sont :

Les 13 vitamines :

4 vitamines liposolubles : A, D, E, K
9 vitamines hydrosolubles : C, B1, B2, B3 (PP), B5, B6, B8, B9, B12

Parmi ces vitamines, les plus à risque de carence sont

la Vitamine A (rétinol),
la Vitamine D (calciférol) et
la Vitamine C (acide ascorbique)

Les 21 minéraux indispensables : bore, calcium, chlore, chrome, cobalt, cuivre, fer, fluor, iode, magnésium, manganèse, molybdène, nickel, phosphore, potassium, sélénium, silicium, sodium, souffre, vanadium, zinc.

Les 9 acides aminés essentiels : le tryptophane, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la thréonine, la valine, la leucine, l’isoleucine et l’histidine.

Oméga-3 & Oméga-6 : les indispensables

Les acides gras polyinsaturés, mieux connus sous les appellations “Oméga 3” (acide alpha-linolénique) et “Oméga 6” (acide linoléique) : ils sont indispensables à l’organisme humain qui ne peut pas les fabriquer, et doivent impérativement être présents dans l’alimentation en raison de leur impact sur la santé, notamment la prévention cardiovasculaire ou cognitive, la prévention de la dépression, de la DMLA, le bon fonctionnement de notre métabolisme des graisses, et freine l’apparition de certains cancers. Le rapport entre les acides gras oméga-3 et oméga-6 est très important car un déséquilibre entre ces deux types d’acides gras peut être néfaste. Par exemple, les oméga-6 consommés en excès empêchent les oméga-3 d’exercer leur effet bénéfique au niveau cardiovasculaire et ont un effet pro-inflammatoire. L’huile de noix ou de colza, les graines de chia ou de sésame, les noix de pécan, les poissons gras sont des exemples de source de ces acides gras. En pratique, pour couvrir les besoins en acides gras indispensables, l’Anses recommande de consommer 2 à 3 cuillères à soupe quotidiennes d’une huile riche Omega 3, par exemple de noix ou de colza et 2 portions hebdomadaires de poisson, un poisson gras et un poisson maigre.

L’EAU

Nous le savons, sans eau pas de vie. Si nous pouvons éventuellement nous abstenir de manger pendant plusieurs jours, en revanche boire est indispensable au quotidien, car c’est le premier constituant de nos cellules, et nous avons besoin de restaurer nos réserves liquides chaque jour. Grâce à la soif, notre corps va nous envoyer des signaux pour nous indiquer ses besoins et nous inspirer de boire. A noter que parfois, pour des personnes âgées, souffrant de certaines pathologies ou ayant eu une chirurgie digestive, la soif peut ne plus être ressentie. Il est alors important de boire malgré cette absence de signal. Les besoins seraient de l’ordre de 1,5 litre par jour en moyenne pour une personne adulte, mais ces quantités peuvent varier selon le type d’alimentation : un consommateur de soupe, par exemple, ou de pastèques, aura moins besoin de boire de l’eau en complément de son alimentation. En cas de canicule, ces besoins vont augmenter, de même lors d’efforts physiques intense comme le sport.

QU’EST-CE QUI NOUS POUSSE À MANGER ?

C’est la faim qui déclenche l’acte de se nourrir. Cependant il existe plusieurs types de faim, et c’est important d’être à l’écoute de notre corps et de comprendre auquel de ces types de faim nous avons affaire, afin d’apporter la réponse appropriée.

  • La faim physiologique : elle est déclenchée par le besoin de nourriture, un signal indiquant que nous avons besoin de répondre aux besoins énergétiques du corps. Nous éprouvons alors des gargouillements, une sensation de creux à l’estomac, une baisse d’énergie liée à la baisse de notre glycémie (taux de sucre dans le sang), et ces sensations montent en puissance jusqu’à ce que nous y répondions. C’’est une hormone, la ghréline, qui envoie ce signal.
  • La faim émotionnelle : comme son nom l’indique, les émotions peuvent déclencher une envie de nourriture pour apaiser le ressenti, par exemple lorsqu’on s’ennuie, qu’on est stressé(e), anxieux(se), triste, etc. On peut alors avoir soudainement une intense envie de certains aliments réconfortants (on se dirige rarement vers les carottes râpées), mais le soulagement peut être de courte durée, et cette mécanique peut entraîner à termes des troubles du comportement alimentaire.
  • Il existe aussi une faim sensorielle, déclenchée par exemple par l’odeur d’un plat ou le passage devant une vitrine de pâtissier présentant un bel assortiment de gâteaux.
  • On parle enfin de faim sociale, qui peut naître par exemple de la convivialité d’un repas partagé, l’envie de se sentir en lien avec un groupe, ou tout simplement lorsqu’on est entouré(e) de personnes qui mangent (lors d’une réception). Mais aussi lorsqu’on a des horaires de repas très régulier : notre horloge interne se cale sur ces habitudes, et la faim se déclenche aux heures habituelles.

Hédonisme : sans le plaisir, pas de vie humaine sur terre


Le second critère qui préside à l’alimentation humaine, outre le besoin de compenser nos dépenses d’énergie et de faire fonctionner notre corps, c’est le plaisir. Et s’il n’y a pas de plaisir, il n’y a pas de vie… Quelques mots pour rappeler que le premier acte essentiel pour la survie de l’espèce humaine, c’est la procréation. Et celle-ci est rendue possible par le plaisir éprouvé par les partenaires, ce qui les entraîne à répéter l’acte et à engendrer ainsi une progéniture. Le plaisir suivant est celui procuré par la nourriture et la boisson : nous nous délectons volontiers, selon nos goûts, d’une mousse au chocolat, d’un cassoulet, ou d’une piperade, parce que cet aliment nous fait plaisir. A l’origine, ce plaisir de dégustation était déclenché par notre cerveau, le pilote de notre fonctionnement physiologique, en face de certains aliments, lorsque le corps avait un besoin de se recharger en nutriments spécifiques. Peut-être cela vous est-il déjà arrivé, alors que vous adorez le chocolat et que vous en mangez plusieurs carrés par jour, de ne plus avoir envie de chocolat pendant quelques jours ? On peut imaginer que c’est parce que votre organisme a fait le plein de magnésium, par exemple. Cela fonctionne aussi avec une entrecôte saignante…

Le plaisir que nous éprouvons en nous préparant à manger puis en passant à table explique plusieurs choses.

SATIÉTÉ ET RASSASIEMENT

Théoriquement, pour savoir si nous avons mangé suffisamment, il suffit d’écouter notre corps, Mais à notre époque, en raison des très nombreuses sollicitations auxquelles nous sommes exposés par les médias, les réseaux sociaux, la publicité omniprésente, ce n’est plus si simple.

La satiété est la sensation d’absence de faim suivant un repas, qui dure jusqu’au repas suivant. Sa longueur est liée à ce que nous avons absorbé. Si par exemple nous avons fait un déjeuner très copieux, il est possible que nous n’éprouvions pas de faim avant le lendemain. Cet état est caractérisé par l’absence des manifestations physiologiques que nous ressentions avant de manger. La satiété provient d’une hormone, la leptine, dont la fonction est de combattre les effets de la ghréline grâce à laquelle nous avions eu faim et envie de manger tel plat.

De son côté le rassasiement se manifeste au cours d’un repas. La sensation de faim diminue au fur et à mesure, et si nous rêvions d’une salade de tomates avant de nous mettre à table, après quelques morceaux notre envie de tomates diminue. En revanche notre envie de manger et notre faim sont toujours présentes et nous passerons volontiers au plat suivant, qui contiendra d’autres nutriments : protéines, glucides, lipides, etc.

Ce sont des mécanismes mis en place par notre organisme pour nous signaler que notre corps a fait le plein de nutriments, et que nous pouvons arrêter de manger ou de boire.

Outre la faim et l’envie de manger un aliment, un troisième mécanisme devrait être systématiquement pris en compte : les conditions dans lesquelles nous prenons notre repas. En effet, la sérénité en face des aliments d’une part, et l’attention que nous accordons à nos sensations alimentaires sont des clés pour de bonnes conditions d’alimentation permettant un rassasiement approprié à nos besoins. A défaut, il est possible que le rassasiement ne se fasse pas sentir, et nous continuons à manger au-delà de nos besoins.

CE QUI DÉCLENCHE LE PLAISIR

Nous évoquions plus haut la faim sensorielle : la vue d’une assiette joliment présentée, le parfum qui s’en dégage, le son du pain frais qu’on tranche ou d’une bouteille qu’on débouche, la fragrance émanant d’une brûlerie de café ou d’une boulangerie au petit matin, vont jouer un rôle important sur le déclenchement de notre plaisir et notre envie de nous nourrir. A cela, s’ajoutent nos mémoires gustative et olfactive qui font des liens entre ce que nous voyons, entendons, sentons et le souvenir que nous avons d’un bon plat ou d’un bon vin.

LA SATIÉTÉ SÉLECTIVE

Sous nos latitudes, l’habitude a été souvent prise d’avoir deux ou trois éléments différents pour composer nos repas : une entrée, un plat, un dessert, par exemple. Cela est rendu possible grâce à un système de satiété sélective, un terme qui recoupe celui de rassasiement, et qui fait que nous pouvons nous sentir rassasiés de l’entrée mais éprouver encore de la faim pour le plat principal, voire un peu de dessert. Ceci permet une alimentation diversifiée et l’absorption de nutriments variés pour répondre aux besoins de notre corps.

POURQUOI LES RÉGIMES POUR MAIGRIR NE TIENNENT PAS LA ROUTE

Tout simplement à cause de l’absence de plaisir. A moins d’être un grand fan de carottes râpées et de fromage blanc à 0% édulcoré ou non, si notre plaisir naît d’une escalope de poulet au citron, d’un tagine aux pruneaux, d’une quiche lorraine ou d’une salade César, il y a fort à parier qu’un régime alimentaire restrictif qui exclurait tout ce que nous aimons ne pourrait pas marcher longtemps. Non seulement nous n’éprouverions plus de plaisir, mais c’est le dégoût qui prendrait la place, et dans le meilleur des cas, ce mode d’alimentation trop éloigné de nos goûts ne nous permettrait pas de nous nourrir durablement dans de bonnes conditions. Ce serait encore pire si le régime prescrit ou auto-prescrit, ou encore le témoignage d’un influenceur, nous amenait à exclure complètement un groupe d’aliments : notre corps nous réclamerait son dû avec insistance, et nous nous exposerions à des « craquages » devant lesquels nous culpabiliserions sans doute, alors qu’il s’agirait d’une réaction naturelle de notre organisme maltraité par notre volonté de ne pas l’écouter…

LES PREMIERS MOIS DE LA VIE : QUE FAIT LE BÉBÉ ?

Pour vivre une fois sorti du ventre de sa mère, le bébé doit se nourrir et s’abreuver, ce qu’il fait en tétant sa mère, ou grâce à des biberons de lait maternisé. Pour assurer le développement de cette vie toute neuve, le bébé est doté de deux mécanismes. Tout d’abord, il naît avec une appétence naturelle pour le goût sucré, qu’il va pouvoir satisfaire avec le galactose du lait naturel ou artificiel qu’on va lui donner à boire. Et le second mécanisme est celui de la faim, une faim qui peut provoquer de la douleur chez le petit enfant si elle n’est pas rapidement satisfaite, d’où cris et pleurs pour attirer l’attention et avoir la bienheureuse réponse de la tétine tiède. Et lorsque l’enfant a son content, lorsque la leptine a fait son travail et stoppé la production de ghréline, l’enfant n’a plus faim et refuse toute goutte supplémentaire. Nous avons là le modèle absolu d’écoute de ses sensations. Un modèle qu’hélas l’adulte a souvent perdu au cours du temps.

L’ADULTE ET LES SENSATIONS ALIMENTAIRES

Lorsque l’enfant grandit, il est fréquent qu’il soit soumis dans sa famille à une relation complexe à l’alimentation. Peut-être avez-vous eu l’expérience de ces petites phrases lorsque vous étiez enfant ?

  • Tu dois finir tes haricots verts si tu veux du dessert,
  • Pense aux enfants qui n’ont rien à manger : tu te lèveras de table quand tu auras terminé ton assiette,
  • Si tu as une bonne note en maths, je te ferai de la mousse au chocolat,
  • Si tu ne fais pas tes devoirs, tu seras privé(e) de dessert,
  • Une cuillérée pour Maman, une cuillérée pour Papa…

Peut-être aussi, plus tard, avez-vous entendu d’autres phrases comme celle-ci ?

  • Si tu reprends de la salade de pommes de terre, tu vas grossir,
  • Arrête de manger, sinon j’aurais honte de toi dans la rue,
  • Tu ne vas quand même pas te resservir une seconde fois ?

La question, c’est celle de l’enjeu. Lorsque la nourriture devient enjeu et que l’enfant ou l’adolescent se sent contraint de manger quelque chose dont il n’a plus envie soit pour faire plaisir soit parce que sinon, il sera puni, si un aliment devient récompense ou sa privation une punition, lorsqu’il est moqué pour sa faim qu’on critique comme un excès, le mangeur ou la mangeuse apprend à ne plus écouter ses sensations alimentaires mais à obéir aux ordres dictés par d’autres pour se nourrir ou arrêter de manger, les sensations de faim, d’envie de manger, de satiété et de rassasiement se brouillent, et le risque est élevé de développer des troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie, la boulimie, l’hyperphagie boulimique, l’orthorexie et bien d’autres, qui peuvent à leur tour entraîner des problèmes de santé sérieux, psychiques comme physiques.

CULTURE ET SYMBOLISME


Notre rapport à l’alimentation est influencé par plusieurs facteurs. Le tout premier, c’est la famille dans laquelle nous naissons et sommes élevés. Elle est faite des traditions et de la culture du pays d’origine familial qui peut ou non être la même que celle de la région dans laquelle nous vivons. Et puis il y a celle que nous développons à travers nos rencontres, nos voyages et nos chemins de vie. Enfin, n’oublions pas le symbolisme lié au fait de se nourrir, et qui varie selon les croyances et les mythes partout sur le globe.

ALIMENTATION FAMILIALE

Beaucoup de gens ont un souvenir ému de la tarte aux mirabelles de la grand-mère, du poulet basquaise de tante Maïtena, ou de la blanquette maternelle. Certains auteurs ont même écrit des pages sur les émotions suscitées par un plat ou un aliment aimé – on cite souvent la fameuse « madeleine » de l’écrivain Marcel Proust à la charnière du 19ème et du 20ème siècle, qui est passée dans le langage courant (« la blanquette de ma mère, c’est ma « madeleine de Proust »).

Cette influence de notre famille sur notre alimentation va d’une part jouer sur nos goûts, qui seront plus ou moins affinés, mais aussi sur nos habitudes alimentaires : horaires, organisation des repas (entrée – plat – dessert ?), repas pris en famille en prenant le temps d’échanger loin de tout dérangement numérique ou au contraire chacun mange sur le pouce après s’être servi dans le réfrigérateur, repas de fêtes selon les circonstances, moyens financiers plus ou moins importants jouant sur la qualité alimentaire, etc. L’acte de manger joue donc un rôle dans notre identité. Le grand gastronome Brillat-Savarin disait d’ailleurs : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es ». L’alimentation est donc un élément essentiel de notre identité. L’acte alimentaire est déterminé par notre environnement social : nous choisissons des produits, nous les cuisions, nous les associons pour faire un repas, nous les consommons d’une certaine manière, tout cela est hérité de notre culture.

VOYAGES ET RENCONTRES

Lors que le métier d’un père l’a conduit à faire vivre sa famille dans différents pays, par exemple, ou lorsqu’on est issu d’un mariage biculturel, il n’est pas rare qu’on développe une plus grande curiosité pour des aliments différents et qu’on ait une certaine curiosité pour la découverte gustative. On peut soi-même, lors d’un séjour à l’étranger ou grâce à la rencontre dans son entreprise ou ses activités d’une personne issue d’une autre culture, apprécier d’autres cuisines et les faire siennes, pour créer finalement sa propre alimentation. Il faut souligner ici que la plupart des alimentations du monde permettent des apports satisfaisants en micronutriments. On notera simplement que si on est amené à changer radicalement de mode d’alimentation pour des raisons de mutation à l’étranger, par exemple, notre organisme pourra avoir besoin de temps pour s’adapter, et le retour au pays peut aussi demander un temps d’adaptation. Ces changements sont rendus plus facile lorsqu’on a pris l’habitude de « sortir » de sa culture alimentaire d’origine de temps en temps pour essayer d’autres plats.

L’ALIMENTATION, UN ACTE SYMBOLIQUE

Nous sommes ce que nous mangeons… Autrement dit, notre nourriture nous permet de renouveler nos cellules et de faire fonctionner nos organes. Mais également, l’acte de manger est porteur de symbole. Pour beaucoup de peuples à travers les âges, tuer et manger la chair d’un animal permettait non seulement la survie voire la vie, mais une croyance y était attachée : la possibilité de prendre un peu de la force ou l’agilité de l’animal qu’on mangeait. Lorsque des populations ont pratiqué le cannibalisme, il s’agissait là aussi de se revêtir de la force de l’ennemi pour devenir encore plus fort.

Le lien indissociable entre l’alimentation et la vie peut d’ailleurs entraîner parfois un rapport particulier à la nourriture : jeûnes religieux ou à vocation purificatrice, troubles alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie, écart de certains aliments vus comme malsains ou interdits.

Enfin, certains aliments ont une valeur symbolique influencée par notre culture, ce qui peut aller jusqu’à marquer le langage. Par exemple le pain, qui est la base de la nourriture dans de très nombreux pays – même si sa fabrication varie selon les régions du globe – est porteur pour les Chrétiens d’un fort symbole : celui de la nourriture spirituelle mais aussi du corps du Christ mort et ressuscité. C’est le mot de « pain » qui est à l’origine du mot « compagnon », ayant donné plus tard « copain » : ils désignent celui avec qui (« cum ») on partage le pain.

En nous tournant vers l’Asie, c’est le riz qui prend la place du pain et influence le langage. Ainsi, au Japon, le mot « gohang » a deux significations : il se traduit par « riz », mais aussi par « repas », marquant ainsi la place de cette céréale dans l’alimentation de base des Japonais.

L’ALIMENTATION, UN ACTE SYMBOLIQUE

Peut-être pourrait-on résumer cette réflexion par deux mots : plaisir et équilibre. Sans plaisir il n’y a pas de vie, sans équilibre notre santé peut souffrir et impacter négativement notre vie…

Bon appétit !


(1) Le mot homéostasie vient des mots grecs stasis (« état ») et homoios (« égal »). En médecine, il désigne l’ensemble des mécanismes vitaux qui permettent de maintenir les conditions de la vie à l’intérieur du corps. Les organismes vivants doivent réguler leur environnement interne pour transformer l’énergie et survivre. Le concept d’homéostasie est donc la capacité de maintenir un état interne relativement stable, qui persiste malgré les changements extérieurs. Dans le corps humain, les différents processus homéostatiques maintiennent les niveaux d’eau, d’oxygène, de composition du sang, de pH et de glycémie, ainsi que la température corporelle.

Béatrix de Lambertye

Béatrix de Lambertye

Consultant Obésité-TCA - Obesity Consultant at OMEAVE - Obésités Mode d'Emploi : Apprendre à Vivre Ensemble